Sarkozy / Lefebvre : fausse polémique, pour une vraie manipulation.
Reprenons les faits :
Acte I :
Lundi 25 mai, le député Frédéric Lefebvre propose de donner la possibilité aux salariés en arrêt maladie de travailler chez eux via internet.
Lundi 25 mai, le député Frédéric Lefebvre propose de donner la possibilité aux salariés en arrêt maladie de travailler chez eux via internet.
Les réactions ne se font pas attendre : la gauche monte au créneau, les syndicats grondents ("bientôt, on demandera à faire travailler les morts", déclarera notamment Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO), et le gouvernement de désolidarise de l’idée.
Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’assemblée, sentant venir le piège préfère dire qu’"il n’a pas d’opinion".
Seul Xavier Bertrand soutient l’initiative.
Acte II :
L’amendement controversé est débattu à l’assemblée.
Nathalie Kosciusco-Morizet exprime l’avis défavorable du gouvernement.
Finalement, Frédéric Lefebvre, reconnaissant "faire l’unanimité contre lui", abandonne et retire son amendement.
Agoravox http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-petite-manip-de-frederic-56713
Ce qui choque et éveille la méfiance, c’est que, depuis 2 ans, M. Lefebvre n’a jamais exprimé une opinion qui ne soit pas l’exact reflet de celle de l’éxécutif...
A ce titre, il est l’exemple type du député godillot, défendant avant tout l’intérêt du gouvernement au mépris de la séparation des pouvoirs.
Quelle mouche l’a donc piqué ?
Cette micro-polémique ne serait-elle pas montée de toutes pièces ?
On peut le penser :
- d’abord, le "timing" de cette polémique est remarquable : l’affaire commence le lundi, fait parler d’elle pendant 48h, puis disparaît d’elle-même.
On peut noter aussi que cette affaire arrive 10 jours avant le scrutin européen, et il serait naïf de ne voir aucun calcul politique...
- ensuite, la nature même de la proposition est douteuse : une telle idée ne peut faire que l’unanimité contre elle, et Lefebvre le sait.
La provocation est parfaitement calculée pour faire sortir tous les responsables politiques de leurs gonds, et le stratagème fonctionne parfaitement.
Maintenant, la question qui se pose est : "pourquoi ?"
"Où est l’intérêt de l’UMP et de Sarkozy à cette petite provocation ?"
Celui-ci est triple :
- d’une part, il permet à M. Lefebvre de se "racheter une virginité".
Celui-ci est conscient que depuis de nombreuses semaines, il a été très loin, et même beaucoup trop loin, entamant ainsi considérablement sa crédibilité.
Il est vrai que qualifier M. Besancenot et son NPA de "vitrine légale des casseurs", remettre en question la santé mentale de Ségolène Royal a dû en décourager plus d’un de soutenir l’UMP.
- ensuite, cela permet de créer l’illusion d’une vraie séparation entre le pouvoir exécutif et l’UMP, dont Nicolas Sarkozy a (officiellement) quitté la présidence.
Ici, on crée un argument de toutes pièces : lorsqu’un élu de l’opposition se plaindra de la proximité malsaine entre le gouvernement et l’UMP, il se verra rétorquer que "la preuve que c’est faux, c’est le désaccord entre M. Lefebvre et l’éxécutif."
Dans un débat, c’est un argument qui peut toujours servir : autant le garder pour le moment adéquat.
- Enfin, pendant les 72h qu’aura duré cette polémique, l’espace médiatique et occupé et permet d’éviter le sujet du scrutin européen.
Etant donné la rareté des débats consacrés au sujet, cela permet de l’éluder d’une manière encore plus efficace.
L’incitation à l’abstention est aujourd’hui la dernière arme de l’UMP pour essayer d’éviter une défaite trop retentissante.
En conclusion, cette affaire est une fausse polémique, mais une vraie manipulation.
M. Lefebvre, en tant que lobbyiste de profession, en a fait sa spécialité.