Croissance illusoire

Publié le par PS-Maubeuge


Nos sociétés capitalistes évaluent leur santé en mesurant le taux de croissance de leur PIB (Produit Intérieur Brut), en anglais GDP (Gross Domestic Product). Comme le montre la courbe en gris clair, la croissance est au rendez-vous depuis 50 ans, tout va donc pour le mieux, le capitalisme fonctionne à la perfection. Pourquoi alors ne sommes-nous pas plus heureux ?

Quand nous râlons et disons que plus rien ne va, les économistes nous montrent la courbe du PIB. « Vous devriez être plus optimistes, disent-ils. Nous sommes en croissance régulière. » Mais personne n'est dupe. Cette courbe du PIB ne mesure pas du tout le bonheur. Elle est même totalement déconnectée de la réalité telle que nous la vivons. Il y a donc quelque chose qui cloche.

Le capitalisme ne s'est-il pas enfermé dans un dogme ? Pourquoi prendre le PIB comme étalon ? N'est-ce pas un indice arbitraire ? Depuis quelques années, des économistes remettent en cause cet indice. Leur raisonnement est simple. Quand un industriel fabrique de nouveaux produits, il crée de la richesse. Jusque là, tout est normal. Le PIB augmente.

Mais si cet industriel pollue une rivière, ce n'est pas grave, en tout cas pas pour le PIB qui n'en tient pas compte. Plus étrange, si un autre industriel dépollue de la rivière, il crée à son tour de la richesse. Et le PIB progresse encore ! Là, c'est totalement absurde. La pollution et la dépollution devraient au contraire s'annuler. Or, elles se cumulent. Le PIB gagne à tous les coups.

Cet indice cautionne en fait un vol à l'échelle planétaire. Selon lui, quand un industriel extrait des ressources naturelles du sous-sol, il crée de la richesse. Mais c'est tout le contraire qui se produit. L'industriel s'est enrichit mais la planète, elle, s'est appauvri. Au mieux, le bilan de l'opération est nul, et bien souvent il est négatif. Un capitalisme qui ne juge que par le PIB vit perpétuellement à crédit. Il emprunte à la planète, un emprunt à fond perdu car il ne sera jamais remboursé.

Des organismes comme Redefining Progress ont alors essayé de définir de nouveaux indices, plus respectueux de la nature et aussi plus en phase avec nos états d'âmes. En comptabilisant comme des moins la pollution, la criminalité, le pillage des ressources naturelles... ils aboutissent à des courbes qui parlent d'elles-mêmes. Par exemple, l'évolution du GPI (Genuine Progress Indicator : Indicateur de progres authentique) montre que la croissance s'est arrêtée depuis 1975 ! Il n'est alors pas étonnant que beaucoup de gens soient moroses. Un changement de perspective suffit à démontrer que les apôtres du capitalisme nous mentent. Ils veulent à tout prix nous soumettre à un intégrisme de la croissance.

Bien sûr, le GPI n'est pas plus fiable que le PIB. Il n'y a pas de courbe idéale. Chacun de nous, en fonction de sa sensibilité, devrait pouvoir créer sa propre courbe afin d'évaluer si, selon lui, le monde va dans le bon sens. Je crois qu'il faudrait créer un mashup site qui rassemblerait des centaines de données statistiques et permettrait de les croiser pour créer des courbes sur mesure. Tous nos représentants devraient ainsi traduire graphiquement leur vision politique. Il serait alors facile de voir ceux qui méprisent l'écologie tout comme ceux qui méprisent le lien social. Les priorités de chacun apparaîtraient clairement.

Il faut que la France, commence à remettre en cause le dictat du PIB. Nous sommes révolutionnaire dans l'âme, c'est peut-être à nous d'amorcer un grand changement qui va demander beaucoup de courage mais qui est indispensable.

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S
la croissance  n\\\'est pas la même chose que le progrès.....par exemple un immense progrès serait de savoir bien vivre ( et ce pour tout le monde) sans nécessairement la croissance qui est je vous le rappelle consomatrice de notre planête..... celle là même où nous vivons.......
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P
J
Encore une preuve que les mentalités doivent changer. Il suffisait de mettre un mot sur la croissance : PIB pour croire :  et d\\\'une que la croissance est la seule solution, et de deux que le PIB est son représentant. Mettre un mot sur un concept ne veut pas dire que c\\\'est une réalité. Même chose pour le chomâge, on s\\\'apperçoit que le travail n\\\'est pas seulement la solution, puisqu\\\'on peut avoir un emploi et être très précaire. En fait il faut que les hommes politiques se penchent sur le "Bonheur" des concitoyens. <br /> Pour faire référence à l\\\'article sur Amnesty International, il est vrai que l\\\'information doit être clair pour tous, mais parfois il faut des choses simples pour comprendre, et simple ne veut pas toujours dire simpliste : exemple dire que : Le Capitalisme a besoin du Libéralisme, que le Libéralisme sert à tout rendre "Marchandisable", et que pour que tout soit "marchandisable" il faut supprimer des libertés pour mieux les commercialiser après, c\\\'est simple : c\\\'a veut dire que pour le libre commerce, il faut détruire la libre personne, ..... sinon comment voulez-vous que le capitalisme survive ? Le GROS Problème c\\\'est que les Capitalistes d\\\'aujourd\\\'hui, pensent que le libéralisme protège la Démocratie....Je crois que quelques leçons d\\\'histoire seraient la bienvenue.
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